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Augmenter les salaires, ou faire disparaître l’argent ?

17/04/2012
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(éditorial de Pour le communisme! du mois d’avril)

Les riches se vautrent dans un luxe indécent, les travailleurs sont poussés vers la misère. L’augmentation des salaires est un objectif de lutte juste. Mais les organisations à « la gauche de la gauche » axent essentiellement leur activité politique autour de cette perspective. Elles ont tort car c’est une lutte sans fin, qui ne s’attaque pas au cœur du capitalisme. Ce qui aura été obtenu par de dures grèves commencera à être mis en cause le lendemain, dès que les salariés retourneront au travail.

Notre capacité sociale à produire des biens et des services a progressé à tel point qu’une heure de travail par jour et par personne serait en moyenne suffisante, si l’effort était bien organisé et réparti entre tous et toutes, pour pourvoir à l’ensemble des besoins fondamentaux. Des études le montrent. Il faudrait pour cela supprimer le gaspillage de la bureaucratie, du militarisme, du conditionnement idéologique de la société, et surtout les fantaisies coûteuses des classes riches.

Tous les secteurs utiles pourraient être intégralement socialisés, soit immédiatement, soit progressivement, c’est à dire produire des biens gratuits. La gratuité de la nourriture, de l’habillement, du logement, de l’eau, de tous les besoins fondamentaux peut être décidée immédiatement. Nous avons bien imposé par le passé celle de la santé et de l’éducation, remise en cause aujourd’hui. Tous et toutes devront contribuer à la production planifiée de ces biens et de ces services. Leur accumulation individuelle sera limitée par les règles simples de la décence. Pour le reste, l’association libre entre les individus et les groupes permettra de s’épanouir et de produire sans être aliénés toute sa vie dans le même emploi répétitif.

Nous sommes présents dans les luttes pour de meilleurs salaires, contre les licenciements. C’est une question urgente de survie pour les prolétaires. Mais nous n’y réclamons que de meilleures conditions de détention dans la prison capitaliste. Pour aller plus loin, changer vraiment les choses, il faudra prendre le pouvoir et décider la gratuité de tous les biens et services nécessaires à la vie, en mettant en commun tout ce qui permet de les produire. C’est la base du communisme – qui libère l’activité humaine en rendant l’argent, et donc le salariat, superflus.

2 commentaires leave one →
  1. COMPTON Arthur permalink
    21/07/2012 14:42

    Le plus approprié, en effet, paraît être l’abolition pure et simple de l’argent au profit d’un système intégrant un support de rémunération du travail et des échanges non plus basé sur l’usage d’une monnaie classique telle que nous en connaissons de nos jours mais fondé sur le temps (salaire en temps passé au travail et prix des biens et des services en temps mis pour les fabriquer et/ou les accomplir). A ce nouveau dispositif devra impérativement s’ajouter une mesure anti-cumul des  »salaires temps » afin de conserver tout le monde sur un même pieds d’égalité et pouvoir mettre un terme définitif aux classes sociales que seule les richesses détenues par quelques individus induit. C’est cette tendance là qui à l’air de se dessiner de plus en plus dans l’esprit des citoyens français et d’ailleurs, conscients qui plus est qu’ils ne peuvent attendre plus longtemps pour goûter enfin à la justice. Par contre, un gros problème demeure. Comment faire pour imposer aux nantis un tel changement entendu que c’est eux qui détiennent les pouvoirs et que jusqu’ici, tout ce qu’ont montré nos décideurs politiques c’est qu’ils étaient au mieux, des incapables ou encore, des incompétents; au pire, des corrompus par ces mêmes riches qui font la pluie et le beau temps ? Réfléchissons au nouveau système mais pensons aussi à la guerre; oui, je dis bien guerre, que nous allons devoir livrer à nos esclavagistes. Parce que l’affaire ne va pas être simple !

    • 21/07/2012 22:17

      Tant que le capital dominera la vie sociale, la guerre sera en effet inévitable : soit guerre entre les nations, soit guerre entre les classes, selon que ce soient les riches qui trouvent une issue à la crise de la société, ou la société elle-même, la classe qui représente son avenir : les prolétaires salariés. Et c’est précisément parce que lorsqu’une guerre est inévitable, il faut s’y préparer, qu’existent des organisations communistes comme la nôtre : pour réfléchir, s’organiser, fortifier le sentiment de révolte dans les couches populaires, et lui donner un débouché.

      Le système que tu décrit pour la rémunération du travail correspond à ce que Marx et à sa suite la gauche marxiste avait prévu, comme stade initial pour abolir le salariat et le marché : à savoir des bons de travail, non cumulables comme l’est l’argent, donnant accès à toutes les denrées nécessaires à une vie digne. Ce sera déjà un sacré coup donné à la valeur d’échange elle-même, qui survivra certainement pendant une certaine période historique, à cause de l’inégalité de développement des différentes régions et pays, des inégalités techniques, des conditions de travail de petits producteurs qui ne peuvent passer immédiatement au communisme intégral. Dans celui-ci cependant, il n’y aura plus d’échange du tout, c’est à dire non seulement abolition de la monnaie, mais également de toute forme de bons de travail, c’est à dire de contrainte sociale sur les producteurs : à chacun selon ses capacités, de chacun selon ses besoins.

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